La santé des salariés est, très logiquement, un sujet de préoccupation. La médecine du travail ne date pas d'hier ! Depuis quelques années, il est question de "bien-être au travail". Le monde médical et scientifique se préoccupe du stress des cadres, des employés et des ouvriers, dont la manifestation la plus extrême est le "burnout".

Bizarrement, il n'existait aucune étude en Belgique sur la santé et le stress des indépendants et des chefs de petites entreprises. L'Université de Liège (ULg), avec le concours de l'UCM et de la Chambre de la construction, a comblé ce vide. Le résultat interpelle : un patron sur cinq présente des symptômes inquiétants de burnout imminent.

Trop de travail

Les indépendants travaillent énormément. Près de 40 % bossent plus de 60 heures par semaine et 5 % seulement moins de quarante heures.
Ils sont 28 % à ne prendre qu'un jour de congé par semaine et 18 % n'en prennent pas un seul !
Près d'un sur quatre (23,7 %) prend moins de dix jours de vacances par an et près de 30 % prennent entre dix et vingt jours. Plus de la moitié sont donc en dessous du minimum garanti aux salariés.
Les facteurs de stress principaux sont, dans l'ordre : la charge de travail, les charges administratives, la gestion du personnel et les difficultés financières. Il y a dans ce hit-parade un élément particulier à la Belgique : les charges administratives. Des études semblables en France notamment n'ont pas fait ressortir ce problème...

Santé précaire

Interrogés sur leur état de santé, 67 % des indépendants ont une appréciation favorable, 6,6 % se trouvent en "mauvaise ou très mauvaise santé". La même question posée aux salariés donne des chiffres de 82 % et 1,7 %. La différence est significative !
Les indépendants ne fument pas plus que la moyenne de la population (23,7 %) et ne font pas moins de sport (40 %). En revanche, ils sont 21,8 % à dormir moins de six heures par nuit, ce qui est une proportion énorme. Il y a aussi un sérieux problème d'alcool. Malgré l'anonymat de l'enquête, plus de 12 % des répondants ont tu leur consommation. Et dans ceux qui ont rempli l'item, 11 % déclarent boire plus de 21 verres par semaine (norme médicale d'alerte). Ils sont 29 % à avouer parfois "boire pour tenir le coup."

Et donc...

Le burnout se définit comme un état d'esprit négatif persistant, un épuisement physique et émotionnel qui se traduit par une démotivation, un esprit cynique, de l'irritabilité, des décisions brutales et inadéquates. Cela conduit à la dépression, à la perte de l'emploi pour les salariés ou à l'arrêt de l'activité pour les indépendants.
D'après les experts de l'ULg, "19 % des chefs de PME sondés présentent un épuisement émotionnel élevé qui est une alerte au burnout." Presqu'une personne sur cinq, c'est sans commune mesure avec les résultats des mêmes enquêtes auprès des cadres. Au point que les spécialistes tempèrent : "Peut-être y a-t-il chez les indépendants une protection particulière, qui viendrait du fait d'être autonome, de vivre sa passion."

Thierry Evens & Isabelle Morgante

Source : Union & Actions (UCM)

source : entreprendretoday.be