Employés: l'art d'entreprendre dans sa boîte.

11-01-2013



Dans un bidonville de Calcutta, en Inde, Usha vend du thé et des plats préparés. C'est ainsi qu'elle peut désormais payer les frais de scolarité de sa fille et épargner 1 000 roupies (soit l'équivalent de 15 euros) par mois. Usha est l'une des femmes micro-entrepreneurs accompagnées par Entrepreneurs du monde, association qui travaille notamment avec BNP Paribas. 

" Les intrapreneurs développent des projets gagnants-gagnants "

Initiateur et, aujourd'hui, responsable de l'activité microfinance de la banque, Emmanuel de Lutzel confie: "J'éprouve une certaine fierté d'avoir pu développer, en interne, une activité qui allie le métier de banquier à l'impact social." Recruté comme chargé de relations aux crédits export, en 1996, ce Sciences-Po est en effet l'artisan de la diffusion du microcrédit chez BNP Paribas. Mus par la volonté d'apporter des solutions à des problèmes sociétaux, des salariés au grand coeur comme Emmanuel de Lutzel initient et pilotent des programmes solidaires au sein même de l'entreprise qui les emploie. Appelés intrapreneurs sociaux, ils développent des projets gagnants-gagnants.

De leur côté, les entreprises les plus clairvoyantes permettent à leurs collaborateurs de s'aventurer vers ces nouvelles frontières du business et du social. Un moyen de motiver et de fidéliser les talents, de cultiver la "marque employeur" et, pourquoi pas, d'innover. 

En 2007, Bel a lancé le projet Jefferson pour donner accès à des produits laitiers aux personnes vivant avec moins de 2 dollars par jour. En septembre 2011, au Vietnam, "nous avons démarré la commercialisation d'une portion fromagère à base de riz", explique Jean-Marc Guesné, intrapreneur social chez Bel. Elle est vendue en porte-à-porte par une équipe d'une vingtaine de femmes en quête de revenus complémentaires. 


Pour poursuivre dans cette voie, le groupe agroalimentaire a mis en place une équipe dédiée, Bel Access. A sa tête, Florian Sauvin explique: "Nous devons ajuster davantage le produit aux goûts locaux. Néanmoins, cette première initiative permet de créer les conditions de modèles économiques innovants et adaptés aux populations les plus démunies." 

Une vraie fierté

Les intrapreneurs sociaux agissent aussi en France. Lorsqu'elle était directrice générale de Primagaz, Myriam Maestroni a instauré un programme qui est devenu Economie d'Energie SAS. Cette société qu'elle dirige a permis à plus de 100.000 particuliers d'effectuer des travaux de rénovation énergétique. Propriétaire d'une maison datant des années 1940, Pascal Laillet en est l'un des bénéficiaires: "Nous avons reçu près de 2000 euros pour réaliser notre isolation, et des conseils précieux. Une aubaine!" 

" S'investir dans des sujets solidaires et d'actualité est un fort facteur de motivation au travail "

Pour ce projet démarré via l'intrapreneuriat social, Myriam Maestroni a décroché le prix de la Tribune Woman's Award, dans la catégorie Green Business. "Nous avons séduit le jury, car notre programme s'inscrit dans la droite ligne des objectifs européens post-Kyoto, qui visent à réduire la consommation énergétique française de 20%, d'ici à 2020, par rapport à 1990. Par ailleurs, le jury a aussi été impressionné par l'enthousiasme de nos équipes, constate la dirigeante avant d'ajouter que pour l'intrapreneur social, s'investir dans des sujets solidaires et d'actualité est un fort facteur de motivation au travail."

" Concilier carrière et sens "

Ce que les intrapreneurs sociaux apprécient par-dessus tout, c'est de pouvoir concilier au quotidien carrière et sens. Emmanuel de Lutzel raconte: "BNP Paribas considère la microfinance comme son champ naturel de citoyenneté et l'un des outils les plus puissants de lutte contre la pauvreté et l'exclusion. Nous explorons un domaine nouveau dans l'exercice de notre métier de banquier, tout en faisant du social. Cette cohérence est très importante pour le personnel de l'entreprise, qui en tire une vraie fierté." 

Gaël Loric, diplômé de l'Essec, ne dira pas le contraire. Ce collaborateur est l'un des acteurs à la base du projet social Log'Ins, fruit d'une rencontre entre le transporteur Norbert Dentressangle et le Groupe Ares. "Fort de l'expertise logistique du premier et des connaissances sociales du second, Log'Ins est un outil adapté à la formation aux métiers de la logistique. Il favorise l'accès à l'emploi de personnes en grande difficulté ou en situation de handicap. Celles-ci sont dirigées vers des postes classiques et pérennes. Un cadre qui est valorisant pour tout le monde: les individus, à qui nous offrons une professionnalisation; les collaborateurs de Log'Ins, qui s'investissent dans une belle cause; et Norbert Dentressangle, qui prouve ainsi son engagement sociétal.

" Ce pari nécessite l'invention de modèles économiques et nous oblige à réfléchir autrement "

"Levier de motivation en interne, contribution à l'attractivité de la "marque employeur", l'intrapreneuriat social crée aussi de l'activité pour l'entreprise. Lancée en 2011, Économie d'Énergie a déjà généré 6,5 millions d'euros de chiffres d'affaires et une centaine d'emplois. De son côté, le programme Bel Access répond également à des objectifs stratégiques. "L'accessibilité est au coeur de notre mission, explique Jean-Marc Guesné. Au-delà des 400 millions de consommateurs actuels, nous avons pour ambition de toucher 1 milliard de personnes à l'horizon 2020. Ce pari nécessite l'invention de modèles économiques et nous oblige à réfléchir autrement, en dehors des certitudes acquises. En cela, l'intrapreneur social est un véritable poisson-pilote."

Pour sa part, BNP Paribas a financé une vingtaine de partenaires, touchant ainsi indirectement 130.000 clients, soit environ 700.000 personnes. "En outre, et même si ce n'est pas notre but premier, qui est vraiment d'avoir un impact social, cette activité nous a permis d'atteindre une clientèle nouvelle, notamment des institutions de microfinance des pays du Sud", souligne Emmanuel de Lutzel. L'intrapreneuriat social a le vent en poupe. Mais pas nécessairement les coudées franches. Il suppose, en effet, la totale adhésion du top management. Or, celui-ci n'est pas toujours enclin à lâcher du lest.  

 

source : lexpress.fr

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